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WAfrica : la mode africano-japonaise

Parfois deux cultures ont évolué à des milliers de kilomètres l’une de l’autre, sans jamais entrer en contact pendant des siècles. Il arrive parfois pourtant qu'elles présentent des similarités au niveau culturel ou vestimentaire.

Le Japon et le Cameroun, deux cultures aux styles proches

C’est ce qu’a réalisé l’artiste et designer camerounais Serge Mouangue alors qu’il vivait au Japon. Né au Cameroun, il a grandi et étudié à Paris, où il a étudié l’art et design industriel avant de partir pour l’Australie afin de travailler dans ce secteur.

Designer de métier, il a travaillé pour Renault en France puis Nissan au Japon où il a eu l’idée en 2008 de fusionner le costume traditionnel iconique de la culture nippone, le kimono, avec des tissus Wax et des motifs originaires d’Afrique de l’Ouest.

Car pour lui, les similitudes entre la culture japonaise et la culture d’Afrique de l’Ouest sont plus nombreuses qu’on ne le pense, tant au niveau vestimentaire qu’au niveau sociétal. Avec par exemple la prédominance de la culture animiste, l’importance des rites sociaux ou encore le respect voué aux anciens.

C’est la création du projet qui prendra par la suite le nom de “WAfrica”, combinaison du mot japonais wa (和) qui signifie “harmonie” et d’Africa en anglais.

Cet habit hybride à l’existence improbable est une rencontre rare et véritablement captivante dans l'histoire de l'art entre l'Afrique et le Japon.

Cet art nouveau n’appartient d’ailleurs à aucun des deux pays en particulier. Il trace plutôt une troisième et nouvelle voie sur un thème encore bien peu exploré dans le domaine artistique et esthétique.

Les kimonos de la collections WAfrica ont depuis été exposé de New York au Sénégal, en passant par Hong Kong puis Paris en 2020. Notons que les habits ont tous été fabriqués au Japon de manière traditionnelle par des artisans japonais à l'aide de tissus africains importés.

WAfrica n’est pas le seul projet japono-africain sur lequel a travaillé Serge Mouange. Dans une autre série artistique intitulée “Frères de Sang (Blood Brothers en anglais), il a cette fois combiné des tabourets anthropomorphes sculptés par des pygmées dans le Sud-Est du Cameroun à une technique d’application de la laque par des artisans japonais.

Le processus qui consiste à appliquer de la sève d’arbre puis de la laque sur 21 couches a nécessité plus de deux ans pour être achevé.

Plus récemment en février 2020, il a conçu Kanekaze (les ailes du vent), une création mélangeant la tradition vaudoue d’Afrique de l’Ouest et le shintoïsme japonais.

Le Wax, un tissu aux multiples origines

L’histoire du tissu wax est ancienne et complexe. C'est un tissu de qualité supérieure, hydrophobe dont la technique ancestrale, appelée batik, est originaire d’Indonésie. Elle consiste à appliquer les couleurs et motifs sur des tissus en coton en les laissant tremper dans des bains de teinture.

De la cirewax » en anglais) est ensuite appliquée des deux côtés du tissu afin d’en protéger certaines zones de la coloration et de conserver l'éclat des teintures.

Jusqu’au début du 19e siècle, les tissus étaient produits à la main. Ensuite la technique a été perfectionnée et industrialisée en Europe, en particulier aux Pays-bas, notamment à l’aide d’une machine textile spécifique inventée par le français Louis-Jérome Perrot en 1835.

Afin d’écouler leur production de tissus, les Hollandais se sont progressivement tournés, après l’Indonésie, vers les peuples de la région anciennement nommée “Côte de l’Or”, sur les terres de l’actuel Ghana. Ces derniers, grâce aux retours de commerçants locaux d’Indonésie, étaient déjà familiarisés avec ce type de tissu qu'ils appréciaient.

Le commerce entre les deux régions continuera de se développer et le tissu wax finira par être produit localement. Les motifs et les symboles seront par la suite petit à petit adaptés et incorporés à la culture locale et à l’esthétique ouest-africaine.

En ce qui concerne le choix des motifs, le wax offre un grand nombre de possibilités : motifs et formes géométriques, inspirations animales ou végétales étant les plus populaires. Chaque motif a une signification précise et les couleurs sont toujours vives et bariolées.

Le tissu Wax est désormais un tissu très à la mode, non seulement au Ghana ou en Afrique de l’Ouest et Sub-saharienne, mais également dans le reste du monde. Les habits en wax se sont beaucoup démocratisés, jusqu’en Occident où les plus grandes stars comme Rihanna ou Lady Gaga en ont porté.

Le tissu wax se porte aujourd’hui en pagne, en robe ou en pantalon ou encore en chemise et désormais donc, sur les kimonos.

De nouvelles opportunités culturelles dans le futur ?

Mr. Mouange n’est pas le seul artiste Noir a s’être inspiré de la culture japonaise pour créer des œuvres afro-japonaises.

Toujours dans le domaine du textile et de l’artisanat inter-ethnique, on peut citer le travail de l’entreprise Maki & Mpho deux designeuses (d'origine japonaise et d'Afrique du Sud) basées à Shibuya, Tokyo.

On peut aussi citer par exemple le travail de l’artiste afro-américaine Iona Rozeal Brown et ses peintures “Afro-Japanese fusion collection” dans le style traditionnel des estampes nippones ainsi que l’artiste jamaïcain Taj Francis et son superbe “Afro Caribbean Japanese Digital Art”.

Ci-dessous, quelques-unes des créations de Taj Francis.

Depuis près d’une décennie maintenant, le Japon a décidé d’ériger le continent africain en tant que priorité et tente de nouer des liens plus étroits avec de nombreux pays Africains afin de contrer l’influence grandissante de la Chine et des autres pays asiatiques sur le continent.

Et l’une des manières d’y arriver est de développer les échanges universitaires avec le continent africain.

Pour ce faire, le gouvernement de Shinzo Abe va permettre à plus de 3000 étudiants Africains de venir étudier sur l’archipel via le African Business Education Initiative for Youth 3.0 d’ici à 2026. L’objectif est d’accroître la proportion d’étudiants africains, qui tourne pour l’instant autour de 1 % seulement, au sein du contingent d’étudiants étrangers au Japon.

Nul doute que ces programmes d’échanges universitaires finiront par favoriser la naissance de nouveaux projets interculturels. Les cultures africaine et japonaise sont riches et méritent d’être célébrées de multiples manières artistiques.

On ne peut donc qu’espérer que certains de ces étudiants africains remarquent les créations de Mr. Mouange ou d’autres artistes Noirs et qu’ils perpétueront le concept à leur manière.

Car les territoires à explorer sont toujours multiples dans le domaine artistique.

Article| 04/09/2020 | Culture
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